Usine historique de Redon, AFC Redon a pris le virage de l’éolien en mer en mettant à profit son savoir-faire en fabrication de pièces en fonte pour protéger les câbles des parcs éoliens de Saint-Nazaire et d’Yeu-Noirmoutier.
L’AFC Redon, un précurseur de la fonderie française
Entre terre et mer. C’est ainsi que l’on pourrait, peu ou prou, résumer l’activité d’AFC Redon. Car évoquer AFC Redon, c’est évoquer un pan de l’histoire industrielle de la Bretagne. Née en 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Armoricaine de Fonderie le Châtelet a traversé les époques pour aujourd’hui atteindre un chiffre d’affaires de 72 millions d’euros avec la production de 30 000 tonnes de pièces. Comptabilisant 270 collaborateurs, ce fleuron de l’industrie breton s’est rapidement rendu incontournable dans son secteur d’activité en étant l’une des premières fonderies françaises à obtenir la licence pour la production de fonte à graphite sphéroïdal à destination, d’abord, du machinisme agricole.
Grâce à la forme sphérique de son graphite, cette matière offre plus de possibilités en termes de forme et une meilleure robustesse par rapport à d’autres méthodes de fabrication. Ces caractéristiques sont ainsi plébiscitées par les constructeurs automobiles pour les pièces de sécurité (pièces pour système de freinage et liaison au sol).
Un emplacement idéal pour se positionner sur les chantiers éoliens en mer
Désormais rattaché au groupe La Fonte Ardennaise (depuis 2006), AFC Redon a élargi son champ des possibles depuis quelques années. En 2020, l’entreprise est choisie pour fournir les coquilles des câbles sous-marins pour le parc éolien de Saint-Nazaire. “Ce type de coquilles, nous les fabriquions déjà depuis quelques années. Ces pièces visent à protéger les câbles en cas de choc mais surtout par rapport à leur courbure. Si elle est trop importante, cela risque d’entraîner des dommages”, explique Julien Fauvergue, ingénieur méthode, responsable industrialisation et en charge du projet éolien nazairien. Les équipes d’AFC Redon ont ainsi produit les coquilles qui protègent les 105 km de câbles électriques entre 12 et 20 km au large de la Loire-Atlantique.
En plus d’un savoir-faire maîtrisé, l’entreprise a également bénéficié d’un argument solide pour faciliter son positionnement sur le marché des EMR : sa localisation. Une cinquantaine de kilomètres séparent Redon de Saint-Nazaire. Un choix qui fait écho aux travaux de Bretagne Ocean Power et des autres clusters régionaux pour inciter les porteurs de projets éoliens offshore et leurs rangs 1 à privilégier le contenu local pour la sous-traitance à travers une charte dédiée.
Le parc éolien de Saint-Nazaire désormais en fonctionnement, AFC Redon a été de nouveau retenue pour protéger les câbles des 62 éoliennes du champ d’Yeu-Noirmoutier et dont la mise en service est prévue à horizon 2025. “Les EMR ont représenté une opportunité de complément d’activité pour AFC Redon”, souligne Grégory Robert, responsable commercial. Pascal Pégé, directeur de l’usine, complète : “Ces projets EMR nous ont permis de nous diversifier mais ils répondent également à une attente du monde globalement mais aussi de nos salariés. Ils souhaitent une implication de l’entreprise dans les questions de protection de l’environnement.”
Un besoin en main-d’œuvre
Quand bien même le positionnement sur le marché de l’éolien en mer n’a pas donné lieu à un besoin spécifique en matière d’embauche, AFC Redon est toujours en quête de personnel. “Nous recrutons particulièrement dans le domaine de la maintenance mais aussi des conducteurs de ligne, relève Pascal Pégé. En matière de perspectives d’évolution, nous fonctionnons beaucoup à travers la promotion interne, qui est une des valeurs du groupe.”
Même si les processus sont les mêmes depuis le vingtième siècle, les lourds et onéreux moyens de production sont renouvelés afin d’améliorer les conditions de travail et afin de garantir les niveaux exigeants de qualité client. Ainsi bon nombre d’automatisations, de robotisations et de cockpits dignes de l’aviation sont régulièrement implantés afin de permettre aux conducteurs de lignes d’anticiper les variations des processus. “On ne sait jamais ce que l’on va faire d’une journée à l’autre, c’est diversifié”, témoigne Didier Hémery, technicien de maintenance au sein de l’entreprise depuis une trentaine d’années. “La fonderie est un métier historique mais aussi un métier d’avenir. Il y aura toujours des besoins en pièces de fonderie. Nous travaillons beaucoup pour l’automobile thermique, mais il y aura aussi de la place pour la fonte pour les véhicules électriques, mais aussi pour les chantiers éoliens. Si un jeune est attiré par ce qui est en perpétuelle évolution, il peut choisir la maintenance. Une machine n’est pas 100% fiable, donc il faut l’entretenir, la suivre. Il y aura toujours du travail dans ce domaine.”
Preuve que, pour voir le jour, les projets éoliens en mer nécessitent des savoir-faire terrestres.
Crédit photos : © Parc éolien en mer de Saint-Nazaire-CAPA CORPORATE-Tim Fox