A la suite du lancement de l’appel d’offres pour le projet des Eoliennes flottantes en Bretagne Sud, les structures représentatives des acteurs économiques régionaux des énergies marines soulignent les enjeux économiques, sociaux et écologiques. Plus de 150 entreprises bretonnes et au moins 500 emplois sont concernés, mais au-delà, c’est aussi la transition écologique et l’indépendance énergétique du territoire qui sont en jeu.
Avec 2 750 km de côtes balayées par les vents, la houle et les marées nécessaires pour produire des énergies marines renouvelables (EMR), la Bretagne dispose également d’un gisement d’entreprises spécialisées et d’expertises indispensables au développement d’une filière industrielle. Lancé le 30 avril dernier, l’appel d’offres pour le projet des Eoliennes flottantes en Bretagne Sud est l’occasion pour les structures représentatives des acteurs économiques régionaux des énergies marines de rappeler les enjeux économiques, sociaux et écologiques de ce type de projets. En effet, ce sont près de 150 entreprises bretonnes et plus de 500 emplois qui sont concernés. Et au-delà, c’est la transition écologique et l’indépendance énergétique du territoire qui sont en jeu.
Fabrication, études et mesures pour le développement de parcs, R&D, construction et opération en mer, exploitation et maintenance, etc., les 151 entreprises bretonnes travaillant actuellement dans le secteur des EMR couvrent à elles seules toutes les étapes d’un projet qu’il soit en éolien posé, flottant, hydrolien ou houlomoteur. Avant même l’arrivée de grands projets tels que celui d’Ailes Marines en Baie de Saint-Brieuc, ces TPE et PME bretonnes spécialisées généraient un chiffre d’affaires de 15 M€ en 2019.
« Avec plus de 150 entreprises référencées et positionnées sur la chaîne de valeurs des énergies marines, la Bretagne dispose déjà d’un tissu économique réellement propice à la réalisation du projet d’Eoliennes flottantes en Bretagne Sud », rappelle Philippe Thieffry, chef de mission Bretagne Ocean Power à Bretagne Développement Innovation. « Grâce au projet Ailes Marines en baie de Saint-Brieuc, elles se sont formées, ont acquis des certifications et on observe une réelle montée en compétences de l’outil industriel ».
Une filière industrielle bretonne
« Dès 2011, elles se sont intéressées à la filière émergente des EMR », explique Anne-Marie Cuesta, déléguée générale de Bretagne Pôle Naval. « Habituées à coréaliser des projets de grande envergure en construction et réparation navale civile ou militaire, elles ont su mettre à profit cet atout pour investir la filière EMR. La patience, l’engagement, la prise de risque d’un grand nombre d’entre elles ont été en partie récompensés par les signatures des premiers contrats concrets, notamment pour l’éolien offshore posé. C’est aussi ce tissu industriel breton qui a su accompagner et soutenir les start-ups des EMR dans le développement de leurs premiers pilotes et parier sur la création d’un secteur d’innovation sur le territoire en synergie avec l’industrie navale. »
Pour apporter des réponses pertinentes aux sollicitations des acteurs de la filière des EMR, les entreprises bretonnes déploient une grande agilité en se formant et en certifiant leurs process. « C’est particulièrement le cas pour les entreprises spécialisées dans le domaine de la soudure qui, pour travailler dans les EMR, doivent employer des procédés spéciaux », souligne Serge Menec, président de l’association professionnelle Breizh EMR.
Si les PME et TPE bretonnes y voient une opportunité immédiate de diversification de leurs activités, leur volonté affichée et partagée est de déployer une filière d’excellence bretonne pérenne et exportatrice. « A moyen terme, leurs actifs humains, matériels et industriels vont aussi leur permettre de se positionner sur des projets internationaux », poursuit Serge Menec.
Mais l’enjeu d’un projet comme celui des Eoliennes en Bretagne Sud se mesure aussi en retombées locales. « Les premiers contrats signés ont d’ores et déjà permis le maintien et la création d’emplois, tant en conception qu’en production et plus tard en maintenance », poursuit Anne-Marie Cuesta.
« La filière des EMR est une opportunité réelle de maintenir et de développer l’emploi et particulièrement celui des jeunes motivés par une démarche vertueuse pour la planète », précise Philippe Thieffry.
Transition et indépendance énergétique
« La transition énergétique est un enjeu majeur qui induit le recours aux énergies renouvelables, pour réduire l’émission de gaz à effet de serre et lutter contre le réchauffement climatique », ajoute Jean-François Garrec, Président de la CCI Bretagne. « Parmi elles, l’éolien marin flottant représente celle qui offre le plus de régularité et la moindre nuisance. Les EMR sont une opportunité de développer en Bretagne une filière d’excellence, fondée sur son potentiel maritime, ses infrastructures portuaires, ses compétences en ingénierie et ses savoir-faire industriels. Le projet en Bretagne Sud peut devenir la vitrine de cette nouvelle filière bretonne sur un marché d’envergure mondiale, porteur d’emplois d’avenir ».
Ce nouveau parc éolien peut aussi contribuer à réduire significativement la dépendance énergétique de la Bretagne et sécuriser son approvisionnement : actuellement seulement 14% de la consommation électrique régionale est produite en Bretagne. « Les énergies marines renouvelables constituent l’un des piliers de la transition énergétique bretonne le projet de la Baie de Saint Brieuc fournira 9% de la consommation électrique bretonne. Et la technologie de l’éolien flottant occupe un rôle central, puisque l’on estime de que le projet de Bretagne Sud couvrira à terme 13% de la consommation régionale », explique Alain Terpant, directeur de Bretagne Développement Innovation. « Des synergies pourraient naître avec les smart grids et l’hydrogène renouvelable, deux autres domaines d’intérêt stratégiques, contribuant à l’ambition bretonne de transition énergétique ».
Au nom du tissu industriel breton, les clusters et acteurs économiques qui accompagnent au quotidien les entreprises de la filière EMR souhaitent rappeler l’enjeu majeur de ces nouveaux marchés sur le territoire. Le projet des éoliennes en Bretagne Sud doit être la vitrine de cette nouvelle filière bretonne sur un marché d’envergure mondial, porteur d’emplois d’avenir. Pour autant, une filière industrielle ne saurait se construire sur un seul projet, et il est essentiel que le développement de nouveaux marchés se réalise sur l’éolien offshore flottant comme sur l’hydrolien. Faute de quoi tous les efforts engagés en R&D, en extension des outils et infrastructures et en investissement humain, ne seront jamais au niveau attendu par le tissu industriel maritime de la Bretagne. Dans un monde où la concurrence est de plus en plus exacerbée, les entreprises bretonnes doivent être soutenues, pleinement.