Le 17 février 2025, la cérémonie de pose de la première pierre de la nouvelle usine de pales d’éoliennes offshore de Siemens-Gamesa au Havre, a marqué un tournant dans l’industrie éolienne française. A cette occasion, le Ministre de l’Industrie, Marc Ferracci a réaffirmé l’engagement du gouvernement envers l’industrie franco-européenne de l’éolien offshore, annonçant l’intégration de critères de résilience dans les appels d’offres n°9 et 10.
France Offshore Renewables, regroupant les six clusters régionaux, Normandie Maritime, Bretagne Ocean Power, Neopolia, Aquitaine Blue Energies, Wind’Occ et SudEole, salue ces avancées tout en soulevant des questions cruciales sur la stratégie industrielle à long terme :
- Une Capacité industrielle française en question: L’orientation vers la production de pales plutôt que l’assemblage de nacelles soulève des interrogations. Si la fabrication des pales constitue une valeur ajoutée indéniable, son impact économique sur la région Normandie et la sous-traitance franco-européenne reste à clarifier, notamment pour les acteurs impliqués dans la production des composants de nacelles. Cette décision d’orienter la production de l’usine vers la production de pales de 14MW interroge d’autant plus que la presse a a récemment mis en avant la phase de test d’une éolienne de grande puissance de 21,5 MW, correspondant aux besoins des futurs parcs français déjà attribués (Dunkerque, Centre Manche, Bretagne Sud et Méditerranée). Par ailleurs, l’incertitude planant sur l’avenir de l’usine GE Vernova après 2027, renforce les préoccupations quant à la capacité de production industrielle française à long terme.
- L’Urgence d’un plan de charge après 2027 : L’’introduction des critères de résilience pour les appels d’offres n°9 et 10 – visant une mise en service des parcs est envisagée d’ici 2035 – représente une avancée positive permettant d’atteindre le premier jalon de 18 GW installé en France. Toutefois, cela reste insuffisant pour assurer la pérennité de la filière. France Offshore Renewables appelle donc à :
- Un respect scrupuleux des plannings attribution des appels d’offres et de délivrance des autorisations administratives par l’état ;
- Une confirmation ferme des objectifs dans la programmation annuelle de l’énergie (PPE) ;
- La mise en place d’accords industriels solides entre les lauréats des appels d’offres (AO n° 3, 4, 5, 6 et suivants) et les industriels européens, assortis d’exigences contractuelles strictes pour garantir le recours à la chaîne de valeur franco-européenne comprenant la fourniture de composants des nacelles, de moyens maritimes, de fondations et pièces de transition ainsi que de main-d’œuvre.
- Un appel à la solidarité de la filière : France Offshore Renewables souligne la nécessité d’une véritable solidarité de la filière, conformément avec les chartes d’engagement du contenu local signées depuis 2021 et au Pacte de 2022 entre l’État et la filière, visant à créer 20 000 emplois d’ici 2035. Cette approche collaborative est indispensable pour maximiser les retombées économiques locales et nationales.
- Alerte sur la fragilité de la filière : L’Alliance des six clusters nationaux alerte sur le risque majeur de chute d’activité industrielle entre 2025 et 2030, une conséquence directe des retards accumulés par l’État dans la planification de l’éolien en mer, qui entraînera une diminution des activités de fabrication, d’intégration et de déploiement, menaçant ainsi la continuité des compétences et les investissements réalisés jusqu’à présent.
- Une protection urgente de la chaîne de valeur franco-européenne : Face à ces défis, France Offshore Renewables appelle à des mesures immédiates pour protéger la chaîne de valeur franco-européenne. Ces mesures sont cruciales pour préserver et développer les compétences nécessaires à une décarbonisation souveraine de notre économie.
France Offshore Renewables insiste : la valeur du travail de nos entreprises doit être justement reflétée dans le prix du MWh produit. Ce prix doit permettre de rémunérer l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, des emplois créés, des investissements industrialo-portuaires réalisés et de l’innovation développée, tout en restant compétitif pour les consommateurs. C’est à cette condition que nous garantirons une fiscalité bénéfique pour notre territoire et une industrie éolienne offshore française forte et durable.
L’avenir de notre industrie, de nos emplois et de la transition énergétique de nos territoires repose sur la mise en œuvre rapide et efficace de ces recommandations. France Offshore Renewables reste pleinement mobilisé aux côtés de l’État et des Territoires pour assurer collectivement une transition énergétique durable et souveraine pour la France.