Mardi 7 janvier 2025 s’est tenue, à Lorient, une réunion publique autour du parc éolien flottant au sud de la Bretagne. Elle a permis aux membres du consortium Pennavel, qui a remporté l’appel d’offres (AO5), de répondre aux questions du public sur les impacts environnementaux et sur la viabilité de ce futur parc. Porté par Elicio BayWa.r.e. et exploité jusqu’à 2060 environ, ce premier parc commercial au monde, d’une capacité de 250MW, bénéficiera en grande partie à la supply chain bretonne des EMR, notamment à travers la charte de contenu local qu’a signée le consortium. Entretien avec Aldrik de Fombelle, directeur du projet.
L’AO5, le premier projet éolien flottant commercial
Pouvez-vous présenter le consortium Pennavel, lauréat de l’AO5 en Bretagne Sud ?
Pennavel est composé de deux actionnaires que sont Elicio et BayWa.r.e., dont c’est le deuxième succès sur un appel d’offres après l’obtention d’une concession en Écosse en 2022, avec un troisième partenaire, pour un projet d’un gigawatt. Elicio est un acteur historique de l’éolien en mer avec plus de 15 années d’activité dans ce domaine. BayWa.r.e. est un grand groupe de développement des multi-énergies renouvelables.
Pennavel représente à la fois le nom du projet éolien et de la société qui a la responsabilité de développer, construire et d’exploiter le parc, jusqu’à son démantèlement total. Une grande partie de l’équipe qui compose Pennavel est basée à Lorient.
L’AO5 est une première mondiale. C’est la première fois qu’un projet éolien flottant commercial en développement est attribué. Il bénéficie donc de trois atouts majeurs qui diminuent significativement les risques liés à son développement. D’une part avec un droit exclusif sur une concession. Deuxièmement, une connexion au réseau sous la responsabilité de RTE et donc sécurisée. Enfin le tarif de rachat de l’électricité représente le troisième point.
Que représente l’obtention de l’AO5 en Bretagne Sud pour vous ?
L’AO5 a été une compétition très forte. Treize candidats étaient présélectionnés autour d’un enjeu considérable de remporter le premier projet éolien flottant commercial, dans un lieu, la Bretagne, qui est depuis longtemps engagée dans le développement de cette nouvelle filière industrielle d’avenir créatrice de valeur et d’emplois.
Le projet Pennavel est un peu le premier de série de ce que la Région Bretagne envisage et avec elle, tout le tissu industriel breton, au premier rang desquels les ports de Brest et de Lorient.
Notre expérience de développeur et le dynamisme de la Région Bretagne nous ont permis d’aller assez loin dans la phase de préparation afin d’instaurer une vraie ambition industrielle pour le territoire. Développer le projet, en priorité, en Bretagne est dans l’ADN de Pennavel.
Quel est le calendrier à venir du projet ?
Il y aura d’abord une phase de développement qui durera environ 6 ans. Elle sera suivie de l’étape de construction qui devrait survenir vers 2029 et s’étaler jusqu’à 2031. Ensuite, le champ sera exploité pour environ 30 ans.
Durant la phase de développement, nous constituerons nos dossiers d’autorisation. Pour cela, des études d’impacts environnementales, sur la biodiversité seront commandées mais aussi en termes de patrimoine et socio-économiques pour les usagers de la zone, au premier rang desquels figurent les marins-pêcheurs. En parallèle, nous pourrons affiner les choix techniques du projet.
Afin de réaliser les études d’impact environnemental et la constitution des dossiers de demande d’autorisation administrative, nous avons choisi SETEC Énergie environnement. Ce bureau d’études a l’avantage indéniable d’être basé à La Forêt-Fouesnant et donc de connaître le site et les parties prenantes locales et de compter sur des experts reconnus et expérimentés.
Quelles ont été les relations entre Pennavel et Bretagne Ocean Power ?
Dès début 2021, donc dès le début de l’appel d’offres, Bretagne Ocean Power nous a contactés dans le cadre de la charte de contenu local, avec quatre autres clusters : Normandie Maritime, Aquitaine Blue Energies, Wind’Occ (Occitanie) et Neopolia pour les Pays de la Loire. Je pense que nous faisons partie de ceux qui ont réagi le plus rapidement pour soutenir cette initiative et signer la charte. Depuis, nous avons pu développer, ensemble, cette ambition bretonne en mettant en place le squelette et en développant le projet sur cette base.
Nous l’avons fait de manière très transparente en collaboration avec Bretagne Pôle Naval. Nous avons été très heureux que cette ambition locale soit reconnue par l’attribution du label Breizh Content®.
40% du projet potentiellement réalisés en Bretagne, et 80% durant la phase d’exploitation
Quel impact le projet Pennavel aura sur la supply chain bretonne ?
Le contenu local du projet sera l’aboutissement d’un travail de collaboration entre Pennavel et les principales infrastructures et industriels locaux, la Région Bretagne et les clusters. Nous mettrons tout en œuvre pour y arriver car il y a une volonté politique et un réseau industriel et de recherche réputé, notamment pour la biodiversité marine. La Bretagne est la région idéale pour développer cette première mondiale.
En termes de retombées, nous estimons les besoins à environ 1 800 équivalents temps plein pendant la phase de construction par année. Cela dépendra des choix finaux pour les équipements. Par exemple pour le flotteur, s’il est en béton, la part de main-d’œuvre sera plus importante que s’il est en acier. Nous estimons qu’environ 40% du projet peuvent être réalisés en Bretagne. Nous pouvons y trouver les capacités pour fabriquer les flotteurs, mais pas les éoliennes en revanche, même si cela est possible ailleurs en France. Ce pourcentage peut paraître raisonnable mais il est réellement ambitieux.
Durant les phases de développement et d’exploitation du projet, 80% pourront être effectués en Bretagne. Le parc sera exploité pendant plus de 30 ans. Lorsque nous cumulons la totalité des dépenses liées à la maintenance et à l’exploitation, nous arrivons à des chiffres significatifs représentant des emplois sur le long terme.
Quels types de profils recherchez-vous pour compléter votre équipe à Lorient ?
Nous cherchons de nombreux profils, des experts techniques, environnementaux, mais aussi des chargés de relations avec les élus, le grand public, les clusters et les organismes d’emploi et d’insertion. Afin de délivrer un tel projet, nous avons besoin des infrastructures industrielles mais aussi de main-d’œuvre qualifiée. C’est un axe de travail important avec la Région Bretagne et les clusters. Nous recrutons des profils spécialisés dans la finance, le droit, mais aussi fortement selon les expertises techniques. Nous comptons recruter une vingtaine de personnes d’ici à la fin d’année 2025.