Les 62 turbines de 8 MW du parc Ailes Marines sont à présent raccordées en baie de Saint-Brieuc, onze ans après le lancement de ce gigantesque projet. Iberdrola met ainsi en service le 1er parc éolien en mer en Bretagne, et envisage ainsi une production de 1 820 Gigawattheures d’électricité verte par an, soit la consommation annuelle de 835 000 habitants. Cette énergie décarbonée devrait représenter alors 9 % de la consommation électrique totale de la région. Retour sur cette grande aventure industrielle.
En 2012, Iberdola France remportait l’appel d’offres gouvernemental pour la construction d’un parc éolien offshore en baie de Saint-Brieuc. Après avoir obtenu l’autorisation environnementale en 2017, la filiale française de ce grand énergéticien espagnol lançait le début des travaux de construction le 3 mai 2021, à travers la société de projet Ailes Marines qu’il détient à 100 %.
Le 4 juillet 2022 commençait l’installation des premières fondations jackets, dont la moitié a été construite à Brest. Quelques jours plus tard, la sous-station électrique prenait place au milieu du parc éolien. Ce chantier impressionnant, attribué à Eiffage Métal et Engie Solutions, consistait à placer la fondation (63 m de haut, 1 630 tonnes) et la partie supérieure (55 m de long pour 31 de large et 23 de haut, 3 400 tonnes).
Fabriquées par l’usine havraise de Siemens Gamesa, les éoliennes de 8 MW ont été transportées et installées grâce au navire de pose Le Brave Tern de Fred Olsen Windcarrier (Fowic), entre mai et décembre 2023. Ces éoliennes, les plus puissantes installées en France à ce jour, comprennent un mât de 90 m de haut installé sur la jacket, une nacelle et 3 pales de 81,40 m de long fixées au rotor. Chaque turbine s’élève ainsi à 209 mètres de haut.
Le 5 juillet 2023, l’une des éoliennes commençait à produire ses premiers électrons décarbonés, injectés dans le réseau électrique national par son gestionnaire RTE (Réseau de Transport d’Électricité).
La mise en service du parc s’est alors faite par tranches. Elle atteint à présent une puissance de 496 Mégawatts et pour 25 ans. Cette mise en service a été de 2 ordres :
- Une mise en service technique : l’ensemble des composants, que ce soit dans la turbine, les pales, ou encore la sous-station, est vérifié, revérifié, testé, mis en stress et en fatigue, reboosté, rééteint…
- Une mise en service par tranche afin d’injecter des électrons dans le réseau : une première tranche de 20 % a été signée fin 2023, une 2ᵉ tranche de 50 % les semaines suivantes, pour atteindre à présent les 100 % . Au final, la puissance maximale du parc est de 496 Mégawatts.
Le point d’injection de l’électricité se fait à la station terrestre de la Doberie, à côté d’Erquy. À partir de là, RTE pilote la redistribution d’électricité.
A présent lancée, la production d’énergie marine renouvelable restera constante pendant toute l’exploitation, prévue sur 25 ans.
Un chantier auquel les entreprises bretonnes ont largement contribué
La construction et l’installation du parc Ailes Marines a représenté 1700 à 1800 emplois en France, dont plus de 500 en Bretagne, notamment à Brest sur le Port EMR. Navantia-Windar, sous-traitant d’Iberdrola y a sous-traité la fabrication d’une partie des jackets avec plus d’une quinzaine d’entreprises brestoises. Cela a représenté près de 300 équivalents temps plein pendant 3 ans.
Pour ce chantier, un autre prestataire s’est installé sur le port de Brest : Haizea, une entreprise basque, qui fabrique les mâts d’éoliennes. “Installée sur le polder, elle a créé Haizea Breizh, avec 40 emplois supplémentaires pendant 2 ans. Ils ont ainsi équipé les tronçons de mâts, de matériel électronique, d’échelles de secours ou encore de plateformes, avant de les transférer au Havre pour être assemblés.” indique Stéphane-Alain Riou, directeur éolien offshore chez Iberdrola France. Une activité pérenne puisque, depuis Brest, deux autres projets offshore (Noirmoutier et Le Tréport) entreront en production en 2025 et 2026.
Au total, 144 TPE, PME, et ETI du territoire breton accompagnent le projet depuis sa phase de développement, comme fournisseur de main-d’œuvre nécessaire, de matériels ou de services pour les divers chantiers. “Les nombreuses études environnementales et les mesures de suivi ont par ailleurs été réalisées par des laboratoires et des bureaux d’études bretons. On a beaucoup innové dans ce domaine et certains ont même déposé par la suite des brevets, après avoir inventé des nouvelles méthodes de suivi. Cela leur permettra de les valoriser en postulant pour d’autres champs d’éoliennes dans le monde. Plusieurs associations environnementales locales ont aussi travaillé sur le projet.”
La préparation de la phase active de la maintenance a vu aussi des aménagements permanents se construire. “À Saint-Quay-Portrieux, un ponton servira aux bateaux de maintenance tous les jours. Dans la commune voisine de Binic, se situera par ailleurs notre bâtiment de maintenance, qui accueillera environ 80 personnes à temps plein, pendant la phase d’exploitation de 25 ans. Sur ce site, seront pilotées la maintenance et la production électrique à distance. Ces deux emplacements deviendront le cœur de vie du parc éolien à terre, avec des équipements uniques dans les Côtes-d’Armor.”
Enfin, des répercussions touristiques sont également visibles. Les Vedettes de Bréhat ont lancé l’été dernier, pour la première fois, des visites autour du parc éolien. Près de 4 000 visiteurs ont ainsi découvert les premières éoliennes.
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