Basé à Lorient, Brest, Toulon et Singapour, le groupe Sea Vorian réunit trois sociétés – RTsys, Mappem Geophysics et Neotek – spécialisées dans l’acoustique, l’électromagnétisme et le monitoring marin. Acteur reconnu de la robotique et de la mesure sous-marine, le groupe s’impose comme un partenaire clé des énergies marines renouvelables, tout en affirmant un fort ancrage breton et une ouverture internationale. Entretien avec François Xavier de Cointet, son PDG.
Un groupe breton tourné vers la mer et l’international
Pouvez-vous nous présenter Sea Vorian et ses activités principales ?
Sea Vorian est un groupe d’entreprises basé à Lorient, Brest, Toulon et Singapour. Nous comptons aujourd’hui 110 personnes et visons un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros cette année. Notre cœur de métier, c’est de concevoir et d’opérer des produits et services innovants pour mieux comprendre ce qui se passe en mer, et surtout sous la mer.
Le groupe s’articule autour de trois sociétés, chacune avec son expertise : RTsys, spécialisée dans l’acoustique passive et la robotique sous-marine ; Mappem Geophysics, experte en électromagnétisme marin ; et Neotek, dédiée à l’instrumentation et au monitoring. Ensemble, nous intervenons dans trois grands domaines d’activité : la science et l’environnement, auprès des instituts de recherche, scientifiques et bureaux d’études, notamment dans l’éolien pour mesurer l’impact des activités humaines ; l’industrie maritime, avec les acteurs de l’éolien offshore et des câbles sous-marins ; et enfin la défense et la sécurité, pour la surveillance et la connaissance de l’environnement marin.
Nous travaillons beaucoup à l’international – des États-Unis à Singapour – tout en conservant une forte implantation en France, où se trouvent nos équipes d’ingénierie, de production et d’opérations en mer.
Une expertise complète de la mesure sous-marine
Quelles sont les compétences techniques clés du groupe ?
Nous en avons trois principales. Depuis peu, grâce à Mappem Geophysics, nous avons ajouté l’électromagnétisme marin, qui permet d’effectuer des mesures pour déduire l’état des fonds marins. Notamment dans le cadre de l’installation de câbles sous-marins.
Avec RTsys, nous évoluons dans le domaine de la robotique sous-marine. Nous fabriquons des drones autonomes, que l’on appelle des AUV (Autonomous Underwater Vehicle), qui naviguent seuls ou en meute pour cartographier les fonds marins. La deuxième, toujours avec RTsys, c’est l’acoustique passive, qui permet d’écouter et de se positionner sous l’eau, un vrai sujet pour beaucoup de nos clients.
Nous avons également développé un savoir-faire dans le monitoring marin avec Neotek : nous intégrons des capteurs dans des bouées ou des stations de fond, selon les besoins de nos clients, pour mesurer la qualité de l’eau, la houle, la turbidité, et bien d’autres paramètres. Nous pouvons aussi assurer le traitement et l’analyse des données recueillies.
Sur quels aspects de l’éolien offshore êtes-vous impliqués ?
Nous travaillons aujourd’hui sur trois volets :
Le premier, ce sont nos drones sous-marins, utilisés pour effectuer des mesures bathymétriques avant la pose d’éoliennes, ou encore pour participer à des études environnementales, comme c’est le cas avec le projet de Pennavel au large de Lorient. Ces drones sont également mobilisés une fois le parc installé, pour inspecter les câbles et les infrastructures tout au long de leur durée de vie.
Le deuxième volet, c’est l’acoustique passive : nous déployons des bouées équipées d’intelligence artificielle qui permettent de mesurer en temps réel le bruit généré par les chantiers, mais aussi de détecter les mammifères marins et d’alerter immédiatement le responsable de chantier si un seuil est dépassé.
Enfin, grâce à Mappem Geophysics, nous intervenons sur la partie électromagnétique, avec des systèmes tractés ou posés qui permettent de caractériser les sols marins pour déterminer la zone où poser les câbles et les éoliennes. Nous développons aussi des bouées instrumentées déployées avant ou pendant les opérations d’installation, qui effectuent des mesures environnementales sur plusieurs mois.
Historiquement, quelle était l’activité principale de l’entreprise ?
Nous avons toujours été équilibrés entre le civil et le militaire. L’historique est plutôt parti, chez RTsys, de l’acoustique passive civile. Aujourd’hui, nous avons autant d’efforts commerciaux et techniques côté civil, sur la partie éolien et environnement, que sur la partie défense. Là où nous sommes encore en phase de démonstration, c’est sur les câbles sous-marins. Pour résumer, notre activité est assez équilibrée, avec une forte emprise internationale.
De la R&D à l’international : un virage réussi vers les énergies marines
Les différentes expertises avec Neotek, Mappem Geophysics et RTsys peuvent-elles être complémentaires sur les énergies marines ?
Oui, tout à fait. Nous pouvons répondre ensemble à des appels d’offres qui demandent à la fois des mesures acoustiques, des paramètres environnementaux et de l’inspection sous-marine. En revanche, dans l’éolien, les contrats sont très importants et confiés à de grands groupes. Nous intervenons donc souvent en sous-traitance derrière ces sociétés.
Sur quels projets éoliens avez-vous travaillé en France ?
Nous avons déployé des systèmes sur les projets de Noirmoutier, Saint-Nazaire, Dieppe-Le Tréport et Courseulles. Nous opérons également sur le SEM-REV, et nous avons travaillé sur deux projets éoliens en Méditerranée en acoustique passive.
Comment s’est effectué votre virage vers les énergies marines renouvelables ?
RTsys a commencé avec des enregistreurs acoustiques pour des clients scientifiques, puis assez rapidement pour des industriels. Au départ, il s’agissait d’enregistrements non temps réel. Nous avons ensuite développé des bouées permettant d’envoyer une alerte en direct, puis nous avons intégré de l’intelligence artificielle. Un contrat américain a été décisif, car il nous a permis de déployer notre solution sur huit bouées. Aujourd’hui, nous avons également des clients européens. Nous sommes mondialement reconnus dans ce domaine et, sur la partie IA, nous sommes probablement parmi les plus avancés.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités aux États-Unis ?
Nous intervenons sur trois champs éoliens entre Norfolk et New York. Nous travaillons en sous-traitance d’un grand acteur offshore américain et nos systèmes sont suivis de près par l’organisme de régulation du bruit qui s’intéresse à nos méthodes pour en faire une référence. Pour des raisons contractuelles, nous ne pouvons malheureusement pas citer nos clients, mais c’est une opération majeure pour nous.
Quels sont vos liens avec la Bretagne ?
Nous sommes très impliqués en Bretagne : en quatre ans, nous avons recruté une cinquantaine de personnes, nous construisons une nouvelle usine et nous revendiquons notre ancrage local et notre volonté de faire du Made in France.

