Cervval est l’une des structures qui exposera ses solutions avec Bretagne Ocean Power lors de FOWT. À Brest, l’entreprise basée non loin de la Technopôle Brest-Iroise valorisera ses solutions de jumeaux numériques appliquées aux énergies marines renouvelables. Focus avec Pierre-Antoine Béal, directeur général de l’entreprise.
Pouvez-vous présenter Cervval ?
Cervval est une émanation du Centre européen de réalité virtuelle née en 2003. Ce centre héberge, à l’origine, des chercheurs de différents laboratoires, comme le Lab-STICC ou l’ENIB (École nationale d’ingénieurs de Brest), et traite du sujet de la réalité virtuelle et notamment la question de rendre interactifs et utilisables, en temps réel, des moteurs de simulation.
Cervval valorise, pour le secteur industriel, des techniques qui permettent de simuler de manière interactive des phénomènes complexes et faisant intervenir des disciplines physiques (mécaniques, thermodynamiques…) et d’ingénierie assez variées et assez hétérogènes.
Dans les champs d’application d’engins et de systèmes qui font intervenir des physiques variées, se retrouvent les EMR, que ce soit du houlomoteur ou de l’éolien. Cela va de l’océanographie jusqu’à la mécanique, en passant par le contrôle commande des systèmes, etc.
De Cervval a été créé le groupe Tacthys qui porte des initiatives dépassant les aspects numériques et informatiques du métier. Nous comptons une cinquantaine de salariés.
Comment se matérialisent vos activités liées aux EMR ?
Ces sujets sont propices aux techniques que nous maîtrisons. Assez tôt dans l’histoire de Cervval, nous nous sommes intéressés aux jumeaux numériques des structures EMR. Nous en avons développé deux. Un pour le houlomoteur, appelé Bilboquet et WindHouse destiné à l’éolien flottant.
Pour le premier projet, notre jumeau numérique simule l’ensemble du système houlo-générateur, ses interactions et sa production électrique.
WindHouse est un projet d’éolienne à axe vertical plus compact par rapport aux éoliennes classiques porté par Tacthys.
Nous faisons de la collecte de données en temps réel pour faire de l’analyse prédictive. Nous sommes actifs sur le volet amont projet afin d’optimiser la conception et l’installation de ces dispositifs éoliens. Sur le volet conception, nous travaillons sur le volet contrôle système de la génératrice, sur la dynamique du flotteur ou les ancrages.
Sur le volet exploitation, nos outils numériques vont chercher à tirer le maximum de puissance, faire des études de site pour évaluer les capacités énergétiques par exemple.
Cervval pourrait travailler sur l’ensemble d’un projet éolien ?
Notre jumeau numérique nous permet de travailler sur la conception de systèmes éoliens, mais nous pourrions en effet approfondir jusqu’à l’installation. Notre approche a toujours été globale et cherche à prendre en compte les contraintes d’installation des éoliennes offshore. C’est l’un des enjeux forts de l’éolien, notamment l’éolien tripale. Intégrer le plus tôt possible ces contraintes nous paraît être la bonne solution afin d’avoir une approche pragmatique du développement des EMR et répondre aux ambitions de déploiement de l’État.
Avez-vous des ambitions en termes de positionnement sur des programmes européens ?
Cervval a été porteur d’un projet européen intitulé SubSEE4D financé par la Région Bretagne et le fonds FEDER avec l’IMT Atlantique et France Energies Marines. Le but était de développer une solution de monitoring 4D (3D + temps) des structures immergées. Le projet a été labellisé par les Pôles Mer Méditerranée et Images & Réseaux.
La progression de WindHouse a été freinée pendant la période Covid. Nous aimerions le relancer, au niveau européen ou non, ce n’est pas encore défini. Nous sommes cependant à la recherche de subventions afin de nous accompagner dans la concrétisation de notre prototype à échelle 1. Nous avons déjà effectué des tests en soufflerie, qui nous ont donné des résultats encourageants. Il nous manque désormais le pilote échelle 1 dans le vent.
Cervval est installée à Plouzané, non loin de la Technopôle Brest-Iroise. L’implantation en Bretagne vous aide-t-elle pour le développement de projets EMR ?
Nous sommes proches en effet de la Technopôle, de France Energies Marines ou du Campus mondial de la mer. Il y a un vrai élan local d’intérêt pour les technologies EMR qui permet d’associer des compétences et de collaborer. Les EMR ont cette particularité d’être un écosystème multi-métiers, où se rassemblent des ingénieurs navals, des mécaniciens, des électrotechniciens, des océanographes, les études d’impact, notamment sonore, avec nos voisins de Quiet Oceans. Historiquement, je crois que les Bretons sont assez forts pour travailler en réseau. Sur le volet des EMR, je pense qu’ils ont bien pris le virage de s’associer pour bien faire les choses.
Exposer avec Bretagne Ocean Power à FOWT, qu’est-ce que cela représente pour l’entreprise ?
C’est d’abord montrer que nous sommes intégrés à cet écosystème breton des EMR et de l’éolien flottant plus particulièrement, comme un label d’appartenance. Et cela nous permet également de gagner en visibilité lors d’un événement majeur.